Entretien
Ouest-France : Mandats locaux ou Sénat ?
Michel Canévet : Je reste sénateur. Je quitte donc
mes fonctions de maire de Plonéour-Lanvern et de président de la
communauté de communes du Haut Pays bigouden. La loi dit qu’on ne peut
pas cumuler mandat parlementaire et des fonctions exécutives locales. Je
déplore être obligé de quitter mes responsabilités locales. Je suis
maire depuis 25 ans et président de la communauté de communes depuis
2004 (1).
Ouest-France : Pourquoi ce choix ?
Michel Canévet : D’une part, je suis
sénateur UDI-UC depuis 2014 et je me voyais mal arrêter une fonction que
j’ai sollicitée. Autre raison : mes perspectives locales sont peut-être
limitées car une loi empêchant les élus d’accomplir plus de trois
mandats identiques successivement est en projet. Le président Macron l’a
déclaré devant le Congrès. Cette loi devrait passer soit par
référendum, soit par vote parlementaire. Je suis donc déjà hors quotas !
Bien que j’aie la conviction, à 56 ans, d’être en pleine force de l’âge
pour continuer de servir la cause publique. Enfin, comme j’exerce ces
fonctions depuis un certain temps, je souhaite céder la place pour
assurer la relève. J’ajoute par ailleurs, que, comme la loi le permet,
je reste simple conseiller, municipal et communautaire.
Ouest-France : Avez-vous déjà fait part de votre décision aux élus municipaux et communautaires ?
Michel Canévet : J’ai
réuni la majorité municipale lundi soir et j’ai évoqué ma décision en
bureau communautaire jeudi. Je vais remettre ma démission au préfet. Le
conseil municipal de Plonéour se réunira le 18 septembre et l’élection
du nouveau maire et des adjoints aura lieu le 1er octobre. Au niveau
communautaire, le prochain conseil aura lieu le 20 septembre et
l’élection du nouveau président est fixée au 28 septembre.
Volontairement, j’ai annoncé ma décision tardivement.
Ouest-France : Pour quelles raisons ?
Michel Canévet : Ce changement n’est pas anodin et va susciter des
ambitions. La communauté de communes du Haut Pays bigouden est un îlot
de stabilité, l’ambiance de travail collectif y est très bonne.
Ouest-France : Votre mandat de sénateur expire en 2020.
Michel Canévet : D’ici là, le paysage des
institutions locales pourrait évoluer… Les collectivités risquent d’être
victimes d’un nouveau tour de vis de la part de l’État : après la baisse
des dotations de 11 milliards sous la présidence Hollande, 13 milliards
d’euros de baisse sont projetés pour ce quinquennat.
Ouest-France : Dans ce contexte, toujours deux communautés de communes dans le Pays bigouden ?
Michel Canévet : Cela dépendra de la future
organisation territoriale française. Un échelon administratif en moins ?
Si oui, lequel ? Le Département ? Dans ce cas, la taille des
communautés de communes devrait évoluer. Compétences sociales obligent.
Une échelle bigoudène, douarneniste et capiste ? Une échelle
cornouaillaise redéfinie ? En 2020, il y aura les élections municipales
mais aussi un réexamen du Schéma départemental de coopération
intercommunal.
Ouest-France : A quels gros dossiers votre successeur au poste de maire devra-t-il s’atteler ?
Michel Canévet : L’aménagement urbain est
prioritaire avec un projet de réaménagement du centre-ville ;
l’extension de la garderie périscolaire près de l’école ND Bon Secours ;
le projet de nouvelle médiathèque, peut-être près de la mairie ; sans
oublier 450 m2 d’aménagement à la halle Raphalen, en lien avec la
communauté de communes.
Ouest-France : Et au niveau communautaire ?
Michel Canévet : Le déploiement du très haut
débit : après Pouldreuzic, place à Plovan, Tréogat, Tréguennec et l’est
de Plonéour ; au niveau économique, la création d’une zone d’activités
près de Capitaine Cook à Plozévet ou encore l’extension de Kerlavar à
Plonéour ; côté assainissement, la construction d’une station à Plovan
et un dossier d’études à Gourlizon pour une station et un réseau ; le
projet de restructuration de la maison de retraite de Pouldreuzic,
passant de 74 à 83 lits : le permis de construire sera déposé
prochainement…
(1) Créée le 1er janvier 1994 et présidée par Ambroise Guellec jusqu’en 2004.
Entretien à Ouest-France 12 septembre 2017
Photo
(c) Armand CARVAL
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