En
procédant à l'adoption de l'amendement sur les droits
d'auteurs, les parlementaires français ne sont pas allés
dans le sens que tous les créateurs français désirent
depuis toujours. Déjà les créateurs ne perçoivent
pas ce qu'il leur revient lorsqu'ils créent des oeuvres alors
autant dire qu'avec cet amendement c'est un peu le "chant du
cygne" pour la création française. En se basant
sur une "licence unique globale" par internaute cela revient
un peu à dire que l'on pourrait payer une somme forfaitaire
annuelle pour se fournir dans son hypermarché habituel. Il
y a lieu de penser que cela ne durerait pas très longtemps.
Pourtant il est plus facile d'approvisionner un linéaire
de supermarchés que de créer des oeuvres de l'esprit.
Au niveau des droits il reste un long chemin à parcourir
pour favoriser l'expansion de la culture française. Hélas,
plus nous avançons dans le temps et plus le fossé
se creuse car personne n'ose prendre à bras le corps les
réels problèmes. Si les parlementaires ont légiféré
dans ce sens, c'est aussi sans connaître tous les fondements
du sujet laissant libre accès aux habitués des transferts
de données. Pis encore, la législation n'étant
pas la même dans tous les pays du monde, concernant les droits
d'auteurs, les fichiers seront transférés par la voie
des airs sans aucun problème. Cela fera disparaître
un bon nombre de créateurs qui se satisfaisaient de petites
productions. Demain ils n'auront plus le courage d'écrire
d'autres textes, d'autres musiques sauf peut-être pour se
faire plaisir. Avec les moyens techniques actuels il sera toujours
possible de meubler les plages d'antennes car la musique est un
langage universel. Il existe aussi d'autres problèmes que
beaucoup ne veulent pas soulever au risque de blesser d'autres.
Il ne faut pas croire que demain les grands créateurs français
vont s'arrêter en si bon chemin car les fenêtres sont,
plus que jamais, ouvertes sur le monde. L'écran de la télévision
ou de l'ordinateur leur donne, plus que jamais, la possibilité
de s'exprimer au delà des frontières. Cela va dans
le sens du "toujours plus". Il existe une incohérence
totale dans tout ce système. Il y a lieu de mettre "tout
à plat" pour changer les choses. Mais comme pour beaucoup
de choses, ce n'est jamais le moment et les bonnes idées
sont envoyées aux calenques grecques. Cela fait partie des
fléaux de notre société. La création
d'oeuvres est la pérénité de l'expression culturelle.
Si elle est tuée dans l'oeuf, cela laissera la place à
d'autres car cette place ne sera jamais vacante. Il y a trop d'intérêts
en jeu. Le système français va-t-il amener les créateurs
à laisser tout tomber ? La force du poète est sans
doute plus forte mais elle risque d'être écornée
à la longue lorsque des amendements de ce genre ne prennent
compte de rien. Ce sont les petits qui sont en ligne de mire car
les plus grands ne risquent pas grand'chose compte tenu des publicités
médiatiques où leurs droits d'auteurs tombent. Si
nous, les auteurs et compositeurs ne sommes pas aidés par
les personnes dites "décideurs", nous n'avons plus
qu'à mettre le chapeau sur la marmite et nous complaire à
aller retourner les galets par temps humide en tentant de les faire
sécher. L'image est forte mais c'est pourtant ainsi. Autant
dire que la partie est perdue d'avance. Sans les créateurs
c'est toute la diversité culturelle qui en prend un coup.
Demain, il ne sera plus possible de créer si à chaque
fois les oeuvres sont spoliées pour le plaisir des autres.
Les taxes établies ici et là n'ont pas apporté
aux ayants droits la quote part qui leur revenait du fait d'un système
de répartition en décalage eu égard du temps.
La technologie avance beaucoup plus vite que les décisions
des sociétés d'auteurs. Le manque de cohésion
entre certaines parties fait que le fossé se creuse de plus
en plus chaque jour.
Ce
texte a été écrit lors du vote de l'amendement
par la précédente législature où les
votes sont venus des 2 principaux groupes. C'était avant
l'élection présidentielle. Depuis l'amendement n'a
pas été appliqué car nous auteurs et compositeurs
sommes tous contre la LICENCE GLOBALE où Charles Aznavour,
Enrico Macias, Pierre Perret, Didier Barbelivien ont été
reçus à l'Assemblée Nationale pour défendre
les auteurs et compositeurs. Cela ne veut pas dire que l'idée
soit abandonnée. Nous disons :
NON
A LA LICENCE GLOBALE
|